“Easily the best I ever had” (fin)

⚠️Ce récit fictif est à caractère érotique. Certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes, ce texte est donc interdit aux mineurs⚠️

Chapitre final : « Forgotten love »?

Depuis tout petit, on m’a dit que je risquais d’avoir des problèmes cardiaques, au vu des antécédents paternels. Aucun suivi pendant mon enfance, ce que j’ai essayé de pallier avec Julien qui me poussait à faire régulièrement des examens.

Puis vint celui du 24 juin 2043, après des douleurs légères au cœur (c’est ce que je commençais à avancer dans la belle route de la vie, à 46 ans). Clara avait quitté le domicile, mon mari et moi lui ayant permis de décoller du nid en partant étudier la sociologie à l’université de Toulouse. Nous restions cependant en contact régulièrement, elle nous disait à quel point la sociologie lui plaisait (aurais-je une influence sur ce constat ? Peut-être bien.). Arnaud et Simon, eux, sont restés sur Paris pour étudier la psychologie, et vivent dans un appartement que nous leur aidons parfois à payer. Les nouvelles sont prises à un rythme régulier.

A l’hôpital donc, Julien plus inquiet que moi, patiente pendant l’IRM. Et son inquiétude se révélait justifiée. En effet, un sarcome a été découvert à l’oreillette gauche, ce qui provoque un blocage du flux sanguin. Ça y est, tout défile. Le passé oui, mais aussi les années à venir. Suivi régulier, évolution de la tumeur, chimio, chimio, chimio…

On dit que l’activité sexuelle prévient des troubles cardiaques. Il aurait donc fallu que nous copulassions plus encore que nous ne l’avons fait ? Combien de temps il me reste ? Je n’ai pas voulu le savoir. Je sais exactement ce que je veux, nous en avons beaucoup parlé avec Julien et les enfants. Eux ne voulaient pas en entendre parler, mais Ju et moi étions d’accord.

Si les jours de l’un étaient comptés, s’il s’avérait qu’un jour il devrait souffrir pour vivre, alors il mourrait selon sa volonté, ainsi que son compagnon. Nous avons considéré que nos gamins étaient assez grands pour supporter notre perte, et nous les avons éduqués à se débrouiller comme il faut dans la vie. Je ne me fais aucun souci pour ces trois là. Mais j’avais décidé de ne pas laisser cette merde me pourrir la vie.

Nous nous connectons à distance avec les enfants et leur annonçons la nouvelle. Des pleurs fusent, non seulement à cause de cette foutue tumeur mais aussi parce qu’ils savent très bien ce que cela implique : la perte de leurs parents. Encore une fois. Julien justifiait son choix de mourir avec moi de par le fait qu’il ne pouvait se résoudre à vivre avec un autre, notre chemin devait continuer main dans la main même après la mort.

Des « Je t’aime » tremblants sortent avec peine de leur bouche, et avant de leur dire adieu, Julien et moi nous embrassons, et leur affirmons avec le plus grand bonheur qu’ils ont été et seront toujours notre plus grande fierté.

Enfin, avant que nous invitions la faucheuse à festoyer, il fallait que nous concluions cette histoire de la façon la plus agréable pour nous deux. Autant dire que les murs de cette maison – dont hériteront les enfants – se souviendront de la tendresse et de la bestialité de cette dernière fois. Jamais nos corps n’avaient exprimé un tel désir de l’autre, ils vivaient pour s’unir avant la mort, la transpiration était comme l’évaporation de nos forces vitales. Nous brûlions littéralement, les limites n’existaient plus. Morsures, griffures sanglantes, baisers d’une mortelle intensité, fellations angéliques et explorations de nos intérieurs, qui ont évolué au fil des années, mais pas la passion que nos sexes les visitant déclenche. Elle est toujours aussi intacte.

J’ai toujours rêvé de mourir dans les bras de mon mec, mon homme, mon mari. J’imaginais ce moment le plus tardif possible, mais je le souhaitais surtout heureux et sans regrets. C’est pour cela que nous restâmes allongés nus, face à face, un bras derrière le crâne de l’autre, avec un flingue dans la main (l’un d’eux étant celui qui avait failli tuer Julien). Vint ensuite le décompte…

Trois…

Deux…

Un…

« Je t’aime »…

Et la détonation.

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